Il paraît

Quand je dis : « il paraît que » je dis : « c’est pas moi qui le dis » (une décharge) j’esquive (chaque phrase est une quasi-assertion) : du quasi-dit. Je dis aussi  : Qu’en pensez-vous ? Tu y crois ? Ah bon ! (quasi-affirmation). Les « il paraît » sont arrivés jusqu’à moi, je les ai entendus, ils arrivent de l’espace vague.

 

Ces « Il paraît » sont d’abord apparus dans mon labo photo. Quand j’entreprends une série de tirages photographiques, pendant plusieurs heures, dans le noir, la radio est en marche. Du flux des propos, il arrive qu’une information se détache, forçant l’écoute. Ces bribes ont fait intrusion dans le temps compté du laboratoire puis ont persisté, reformulées mentalement, machinalement, pour être mémorisées au plus juste, au plus court, avant d’être fixées par une phrase écrite. Entre l’écoute distraite et l’objectivité de l’énoncé final, « Il paraît » ouvre le même espace que le déclic dans une prise de vue.